La guerre mondiale contre la terreur a tué ou blessé bien plus d’innocents que le « terrorisme » au cours des vingt dernières années. Cette observation a conduit certain.e.s chercheur.e.s critiques à renverser la question principale sur la violence politique. Au lieu de se demander comment et pourquoi certaines personnes deviennent des « terroristes », iels analysent comment la violence de la guerre mondiale contre la terreur a été produite et reproduite. La recherche de Mathias contribue à cet agenda de recherche critique en examinant deux cas : D’une part, la politique des « interrogatoires renforcés » mise en œuvre par l’administration Bush et, d’autre part, les bombardements aériens français en Afghanistan et au Mali. L’argument central de Mathias est que les théories classiques de la violence, qui mettent l’accent sur les logiques de déshumanisation, ne sont que partiellement heuristiques. Si certaines tendances déshumanisantes sont en jeu, les partisans et exécutants de la guerre globale contre le terrorisme s’appuient également sur des « cadres de guerre » (Judith Butler) plus originaux afin de naturaliser la violence qu’ils perpètrent. Dans un livre publié en 2021, Mathias souligne la centralité de trois principes qu’il appelle les fétichismes de la légalité, de la proportionnalité et de la moindre intentionnalité.
Sélection de publications sur ce thème:
?? Mathias Delori (2022): « The ‘Global War on Terror’ and the Fetishism of Lesser Intentionality, » Political Anthropological Research on International Social Sciences (PARISS) 3 (1), 7-28.
?? Mathias Delori (2021): Ce que vaut une vie. Théorie de la violence libérale. Paris: Éditions Amsterdam.
?? Mathias Delori (2017): « Brüssel bombardieren! Einige Widersprüche im Krieg gegen den Terrorismus, » Berliner Debatte Initial, 27(1), 94-99.