Comme la plupart des chercheurs en sciences sociales critiques, Mathias s’intéresse à la manière de produire des connaissances scientifiques sur le monde social qui éviteraient les fausses promesses du positivisme. Cela l’a amené à se pencher sur deux questions :
a) Les fausses promesses du positivisme
John Dryzek a observé que « le positivisme est un canard mort en philosophie des sciences, encore plus mort dans la pratique actuelle des sciences, avec un pieu dans la tête lorsqu’il s’agit des sciences sociales ». Si la première partie de cette citation est certainement vraie, la dernière est plus discutable. Malgré toutes les critiques épistémologiques dont il a fait l’objet, le positivisme est toujours bien vivant dans les sciences sociales. Le travail de Mathias sur le positivisme analyse ses fausses promesses, notamment celle de la possibilité de produire une connaissance axiologiquement neutre. Pour ce faire, il a principalement étudié deux cas : la théorie du choix rationnel en sciences politiques et la psychologie sociale quantitative. Dans une veine similaire (post-positiviste), Mathias a également effectué des recherches sur les approches critiques des relations internationales.
Sélection de publications sur ce thème:
?? Mathias Delori (2023): « Understanding the Fragmentation of the Memory of the Allied Bombings of World War II. The Role of the United States Strategic Bombing Survey, » In: Memory Fragmentation from Below and Beyond the State: Uses of the Past in Conflict and Post-Conflict Settings, édité par Anne Bazin, Emmanuelle Hébert, Valérie Rosoux et Eric Sangar. London: Routledge.Memory Fragmentation from Below and Beyond the State: Uses of the Past in Conflict and Post-Conflict Setting, edité par Anne Bazin, Emmanuelle Hébert, Valérie Rosoux et Eric Sangar: Routledge, 2023.
?? Mathias Delori (2022): « Quantifier le moral des Allemands et des Japonais? Des experts évaluent l’efficacité des bombardements « stratégiques » de la Seconde guerre mondiale, » Genèses. Sciences sociales et histoire 126 (1), 80-101.
b) L’épistémologie des études critiques sur la guerre
Les études critiques sur la guerre visent à étudier la guerre en évitant le biais militariste et les pièges de l’ethnocentrisme épistémologique. Dans le premier volume de sa thèse d’habilitation, Mathias soutient qu’il est impossible de suivre la recommandation de Durkheim d’étudier la guerre « comme une chose » ou « de l’extérieur », comme un astrophysicien observerait un corps céleste. On ne peut étudier la guerre qu’en s’immergeant dans tous les discours et pratiques qui la signifient. Par conséquent, la position critique implique moins de prendre ses distances par rapport à cet objet que de faire preuve d’empathie à l’égard de tous les agents de la guerre, en particulier ceux que le discours hégémonique constitue en subalternes.
Sélection de publications sur ce thème:
?? Thibaud Boncourt, Mathias Delori, Christophe Wasinski and Marielle Debos (2019): French social sciences go khaki under increasing military influence. As the weight of military funding increases in French social sciences, scholars risk losing their independence.
?? Mathias Delori (2018): « Pour des recherches sur la guerre indépendantes, » Zilsel.