By Mathias Delori
Abstract:

Un certain nombre de pays occidentaux, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, n’ont cessé de faire la guerre depuis les attaques “terroristes” du 11 septembre 2001. Bien que ces guerres aient entraîné des pertes humaines importantes, rares sont les chercheur.e.s qui ont tenté de comprendre les déterminants et les motifs de cette violence. Cet article vise à éclaircir ce point aveugle en étudiant les “cadres” interprétatifs (Judith Butler) qui médiatisent la relation des militaires occidentaux à la violence. Pour ce faire, il s’appuie sur une enquête qualitative menée auprès des aviateurs français qui ont bombardé l’Afghanistan (2001-2011), la Libye (2011) et le Mali (2013). L’article soutient que l’explication classique en termes de “déshumanisation” n’est que partiellement heuristique. En effet, les aviateurs voient parfois le “visage” humain – selon l’expression de Levinas – des personnes qu’ils tuent, et ces moments de “reconnaissance” n’altèrent pas leur volonté de faire la guerre et de larguer des bombes. J’explique ce paradoxe apparent en m’appuyant sur la notion de “violence humanitaire” d’Eyal Weizman.

Published:
Critical Military Studies 5 (4), 2019

DOI:
doi.org/10.1080/23337486.2017.1401827

Online available:
www.tandfonline.com

PDF:
Humanitarian violence. How French airmen kill or let die in order to make live (1,45 Mo)