By Mathias Delori
Abstract:

La guerre mondiale contre la terreur a tué ou blessé bien plus d’innocents que le « terrorisme » au cours des vingt dernières années. Cette observation a conduit certain.e.s chercheur.e.s critiques à renverser la question principale sur la violence politique. Au lieu de se demander comment et pourquoi des gens deviennent « terroristes », iels analysent comment la violence de la guerre globale contre la terreur est produite et reproduite. Cet article contribue à cette littérature en analysant deux cas: la politique de « interrogatoires renforcés » mise en oeuvre par l’administration Bush et les bombardements aériens français en Afghanistan et au Mali. Malgré leur nombreuses différences, ces pratiques guerrières contre-« terroristes » ont un point commun: leurs partisans et exécutants ont tendance à fétichiser la question de l’intentionalité. Iels affirment que le contre-« terrorisme » est plus moral que le « terrorisme » – indépendamment du bilan humain évoqué plus haut – parce que les forces contre-« terroristes » n’ont pas spécifiquement l’intention de tuer ou de blesser les personnes innocentes. J’appréhende cette affirmation comme un « cadre de guerre » au sens de Judith Butler, c’est-à-dire comme un savoir qui normalise une violence particulière, et je documente sa construction sociale.

Published:
Political Anthropological Research on International Social Sciences (PARISS) 3 (1), 2022

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brill.com

PDF:
The ‘Global War on Terror’ and the Fetishism of Lesser Intentionality (7,91 Mo)